Accueil A la une Consommation : Cela dépasse tout entendement

Consommation : Cela dépasse tout entendement

Les chiffres communiqués sont effarants. Près de cinquante mille visites effectuées par les  inspecteurs (quel travail !) dans les circuits de distribution entre le 1er et le 30 juillet, avec à la clé 7.705 infractions, soit une augmentation de 16% par rapport à la même période l’an dernier.

La Presse — «1.877 infractions liées à des pratiques abusives de prix, à des monopoles et à la falsification de produits subventionnés ; 4.238 infractions liées à la transparence des transactions ; et 1.590 autres infractions dans d’autres domaines.

– 2.815 infractions liées aux produits agricoles et de la mer frais, 2.351 infractions liées aux produits alimentaires généraux, 1.030 infractions liées aux boulangeries, restaurants et cafés, et 1 509 infractions liées à divers produits industriels».

Des infractions liées aux produits agricoles sous forme de  tonnes de produits subventionnés, autant de viande de volaille dont d’ailleurs les prix ont subitement augmenté ces derniers temps,  alors que l’on nous assure que la production est en hausse.

De la nourriture avariée

Des aliments pour animaux, et pour finir des milliers d’unités de matériels divers.

Nous avons pensé que cela s’arrêtait là pour ce bilan partiel et voilà que l’on découvre un autre antre de la spéculation qui œuvre à…   empoisonner — il n’y a pas d’autres mots — les consommateurs en leur offrant de la nourriture avariée via les restaurants et autres boîtes spécialisées dans les métiers de bouche.

L’autorité sanitaire de Kairouan a annoncé jeudi 31 juillet avoir perquisitionné un magasin improvisé, où étaient stockées et préparées illégalement de grandes quantités de viande animale et de ses dérivés dans des conditions sanitaires «catastrophiques».

La perquisition a permis la saisie d’une quantité massive estimée à 7.000 têtes et cuisses de mouton et de chèvre, et 300 cuisses de bœuf.

Il était prévu de les cuisiner et de les distribuer à plusieurs restaurants et marchés dans différents gouvernorats du pays, sans respect des normes de stockage, de réfrigération et d’hygiène, ce qui constitue une menace directe et grave pour la santé publique.

Ces constats sont aberrants. Ces spéculateurs sont-ils tombés aussi bas pour oser agir de la sorte?

Moralité perdue

Ahmed Chaouki, le grand poète, avait dit dans une de ses œuvres:  «Les nations ne subsistent que tant qu’elles conservent leur moralité… Si leur moralité est perdue, elles sont perdues»

La moralité n’est donc pas simplement une qualité personnelle. Elle est   le fondement de l’essor et du progrès d’une nation. C’est un avertissement contre la corruption morale.

Effectivement.  Il ne s’agit plus d’exception, mais bien de toute une organisation qui s’est spécialisée dans le crime  organisé qui, sans scrupules, s’est fixée comme objectif de gagner de l’argent en mettant en danger la vie des citoyens consommateurs.

Des questions se posent sur l’organisation d’un réseau qui est capable de ramasser des milliers de cuisses et des tonnes de produits subventionnés sans que cela n’attire l’attention.

Où et comment ont-ils procédé ? Il y a forcément des complicités, et il faudrait les découvrir.

En ce sui concerne les marchés de gros, il ne faudrait pas se tromper.

Ces marchés ne reçoivent que ce que les spéculateurs et intermédiaires veulent bien leur céder.

Mettre sous pression le marché

L’essentiel des produits s’en va vers les dépôts et chambres froides, pour  tout d’abord créer la demande et mettre sous pression le marché et les consommateurs. Pour enfin commencer la mise en vente aux prix que l’on impose. A voir ceux qu’on affiche pour les fruits et légumes dont nous sommes gros producteurs, il y a de quoi se poser bien des questions.

Toute cette marchandise n’a aucune traçabilité. Elle entre dans le circuit sans passer par les marchés de gros.

Et on ne veut pas le comprendre.

La raison? Il faudrait la demander à ceux qui refusent d’analyser posément le circuit et les réseaux mis en place et consolidé à la faveur d’un relâchement fatal.

Ces milliers de visites qu’effectuent les agents de contrôles méritent de figurer dans le livre des records. Cet effort surhumain, peut-on le soutenir indéfiniment, à quel prix et pourquoi ?

Ce sont des questions de fond qu’il s’agit d’élucider avant de conclure avec une assurance qui frôle la naïveté.

La reprise en main passe par la mise à plat de tout le système de distribution, en passant par la libre circulation des produits d’un gouvernorat à l’autre.

Les milliers de cuisses ramassées et entreposées dans des conditions sordides ne pourraient jamais venir d’un seul lieu.

Les tonnes de produits subventionnés également ont sans doute traversé le territoire avant d’aboutir à Kairouan. 

A noter, au passage, que l’on s’est éloigné de la capitale pour avoir plus de champ.

Conclusions: revoir la copie et travailler sur les nouvelles données, suivre le raisonnement des spéculateurs, ne pas se limiter à ce qui était valable il y a dix ans, mais se mettre à niveau, pour pouvoir tenir la dragée haute à cette spéculation criminelle, durcir enfin les lois et réglementations en vigueur, pour donner à réfléchir à ceux qui sont encore tentés par ces crimes.

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